- PRESSE QUOTIDIENNE RÉGIONALE
- PRESSE QUOTIDIENNE RÉGIONALEPRESSE QUOTIDIENNE RÉGIONALELe marché français de la presse quotidienne est caractérisé par l’existence de deux marchés, parallèles et ignorant pratiquement la concurrence: la presse quotidienne nationale publiée à Paris et la presse quotidienne régionale. La pénétration de la presse nationale est, en fait, très faible en région non parisienne sauf dans quelques grandes métropoles. La presse quotidienne régionale bénéficie donc d’un véritable monopole de fait sur la diffusion de l’information nationale, internationale et locale dans les régions françaises. Elle touche chaque jour plus de vingt millions de lecteurs.La presse quotidienne régionale a été dès les origines une presse dynamique. Elle a suivi au XVIIIe et au XIXe siècle un développement parallèle à celui de la presse parisienne et connut aussi son apogée entre 1870 et 1914; chaque arrondissement avait un ou plusieurs quotidiens (242 journaux régionaux ou locaux en 1914). Et déjà, à partir des grandes villes, d’importants journaux régionaux commençaient à s’implanter, mais dans une conjoncture favorable à la véritable concurrence et au pluralisme d’opinion. Les transformations techniques et l’évolution économique durant l’entre-deux-guerres entraînent une hausse des tirages mais aussi une diminution du nombre de titres. Après la Seconde Guerre mondiale, le marché de la presse est entièrement remis en question, avec une rupture historique dans la continuité des titres; cent soixante-quinze journaux régionaux reparaissent en 1946, il n’y en a plus que soixante-seize en 1985.Le faible dynamisme régional de la presse nationale, les coûts très élevés de la distribution sur le plan national ont favorisé la consolidation de la presse régionale. Même si la presse quotidienne régionale a, comme la presse nationale, subi une diminution du nombre des titres (242 titres en 1914, 175 en 1939, 139 en 1950, 98 en 1960, 81 en 1970 et 72 en 1982), elle a progressé en termes de tirage global, passant, pour les mêmes dates, de 4 millions d’exemplaires en 1914 à 6 millions en 1939, 7 256 000 en 1950, 7 170 000 en 1960, 7 750 000 en 1970 et 7 500 000 exemplaires en 1982. Elle connaît pourtant une relative stagnation depuis 1970, le nombre de titres et le tirage total annuel restant à peu près identiques depuis 1970: 75 titres et un tirage total de 7,5 millions d’exemplaires. Cette situation favorable tient aux rapports particuliers que la presse régionale, seul support de l’information locale, entretient avec ses lecteurs particulièrement fidèles. Sa situation financière est relativement plus saine que celle de la presse nationale puisque sa dépendance vis-à-vis de la publicité est moindre. De plus, la structure même du marché publicitaire, largement dominé par les régies des grands groupes publicitaires — essentiellement Havas et Publicis —, a favorisé le regroupement des supports (17 regroupements publicitaires pour 75 entreprises éditrices), éliminant ainsi en partie les effets de la libre concurrence des tarifs entre journaux. Actuellement, la presse quotidienne régionale enregistre les plus fortes diffusions de la presse quotidienne française, avec Ouest-France à plus de 750 000 exemplaires, sept titres à plus de 200 000 exemplaires — Le Progrès , La Nouvelle République du Centre-Ouest , Nice-Matin , La Montagne , L’Est républicain , La Dépêche du Midi , Les Dernières Nouvelles d’Alsace —, et trois à plus de 350 000: La Voix du Nord , Sud-Ouest et Le Dauphiné libéré .La presse quotidienne régionale doit le maintien de sa position dominante aux fonctions sociales qu’elle assure auprès de son public. Le lecteur y puise des informations sur son environnement global (actualité internationale et nationale) mais surtout sur son environnement immédiat. Elle permet à la fois la vulgarisation de connaissances politiques, économiques, culturelles globales et, parallèlement, renforce le sentiment d’appartenance à la communauté environnante. La densité même des réseaux de collecte de l’information locale (carnet, annonces, vie associative, etc.) transforme chaque quotidien régional, en particulier les pages régionales et locales, en véritables banques de données d’information de service, à tel point qu’une grève dans la presse régionale peut affecter la vie quotidienne d’une région (grève de Sud-Ouest en 1972). Cette dimension locale a contribué à renforcer l’aspect institutionnel de la pratique informative de la presse régionale. La place importante occupée par l’information de service et sur la vie locale s’adressant au plus grand nombre a, peu à peu, fait disparaître toute polémique, toute expression nette d’opinion au profit d’un discours désengagé, sinon conservateur. Là encore, le monopole de fait de la presse quotidienne régionale sur le plan de l’information explique son succès. Mais l’éclatement même du marché de la communication locale avec le développement de nouveaux supports audiovisuels menace la place privilégiée de la presse régionale dans l’information locale. La décentralisation de Radio-France (14 stations départementales créées), l’abrogation du monopole de la radio de service public et l’explosion des radios locales privées, l’expansion prévisible de France 3 grâce à l’ouverture à la publicité, les perspectives ouvertes par la télédistribution et les réseaux télématiques créent les conditions d’un marché concurrentiel tant au niveau de l’information qu’au niveau de la publicité. Cette situation nouvelle va obliger la presse régionale à renouveler ses pratiques d’information, et, sous peine d’être exclue des nouveaux marchés, à investir dans les nouveaux réseaux d’information: c’est ce qu’ont fait, par exemple, La Nouvelle République du Centre-Ouest dans une des radios locales de Tours, Sud-Ouest qui participe aux expériences télématiques de Bordeaux et de Biarritz, ou Le Courrier picard qui développe son propre service d’information télématique. Cette diversification des supports de l’information locale va entraîner une diversification des informations elles-mêmes et des pratiques nouvelles de la part des consommateurs-lecteurs; elle provoque également une nouvelle donne publicitaire.
Encyclopédie Universelle. 2012.
